Revenir à Annecy pour réaliser un doublé après la victoire de l'année dernière était un sacré challenge et on l'a fait. Au terme de 4 manches acharnées, nous avons réussi à garder notre titre de Champions de France HN dans la classe B.
Un peu moins de participants cette année puisque nous n'étions que 15 équipages dans notre catégorie mais le niveau était plus relevé que l'année dernière avec un plan d'eau encore plus compliqué (un vent assez faible avec de nombreuses rotations) et de nouveaux équipages qui étaient venus pour la gagne. Le 2ème de l'année passée n'a réalisé que la 6ème place lors de ce championnat 2009.
Une première journée presque idéale
Vendredi, nous avons eu droit à deux manches. Après un départ parfait, nous avons pris rapidement la tête lors de la première manche en creusant dès les premières minutes un écart avec nos concurrents qui s'est accentué tout au long de la course. Lors de cette manche matinale, nous n'avons jamais été inquiété et au bout d'1h30 de course, nous terminons avec plus de 10 minutes d'avance sur les deux équipages du club de Dennemont (Alain Chanet - Esculade - 2ème et Philippe Coeur - Mustang - 3ème). Nous étions sur notre nuage car l'écart avec nos poursuivants était vraiment impressionnant. En plus, c'est l'équipage d'Alain Chanet qui termine 2ème alors que nous considérions que Mustang était le plus dangereux en terme de performances. L'année dernière, Mustang avait gagné 2 des 4 manches. Il est revenu cette année avec un jeu de voiles flambant neuf et de nombreuses heures d'entrainements. Un concurrent dangereux à coup sûr.
Départ encore parfait (sans risque et du bon côté du plan d'eau) lors de la deuxième manche. L'équipage d'Alain Chanet était tout de même juste derrière nous. Lors du passage de la première bouée, je n'ai pas voulu les marquer en pensant que nous étions plus rapide et surtout mieux placé sur le plan d'eau. Mais le vent en a décidé autrement et nous passons la première bouée avec un retard d'environ deux minutes. Le reste de la course a été une course poursuite. Nous avons finalement réussi à repasser en tête mais à l'arrivée, nous n'avons qu'une grosse minute d'avance. Avec le calcul du temps compensé, c'est bien Esculade, le Belouga IOR, qui gagne cette manche. Kaeru termine 2ème. A noter que cette manche a été marquée par une grosse molle (plus de vent) pour les bateaux plus en arrière de la course et seulement 4 bateaux terminent dans les temps. Les 11 autres, non classés, marquent un maximum de points.
Au terme de cette première journée, le résultat est mitigé. Nous avons fait 1 et 2 mais Alain Chanet et son équipage ont fait 2 et 1. Nous avons le même nombre de points mais Kaeru n'est que 2ème au général. Les règles en voile stipulent qu'en cas d'égalité, c'est le bateau qui a gagné la dernière manche qui est devant.
Un samedi compliqué et usant pour le moral
Le matin du 2ème jour, nous revenons avec l'intention de mettre un terme aux espoirs d'Esculade mais le vent très faible voir aux abonnés absents rend le plan d'eau très compliqué. Vers 11 heures, le comité de courses se décide à lancer une manche. Cette fois-ci, nous prenons un départ moyen derrière Esculade. Toute la flotte sauf deux bateaux partent au bateau comité et virent de bord en direction de la rive pour aller chercher une risée, l'équipage d'Alain Chanet en tête. Nous sommes sous le vent de nos concurrents et nous décidons de nous recentrer au milieu du plan d'eau...d'autant plus que les deux bateaux partis en milieu de ligne et déjà au milieu du plan d'eau semblent avoir pris une bonne avance sur le reste de la flotte. Le vent tourne et nous permet finalement de croiser loin devant Esculade et Mustang. On est content de notre opération. Malheureusement, le vent continue à tourner et le comité de courses décide d'annuler la manche pour remouiller un parcours dans l'axe du vent. C'est un coup dans l'eau.
A 14h, nouvelle tentative du comité de courses. Notre départ est franchement mauvais mais nous avons du vent frais. Grâce à notre vitesse, nous réussissons à passer la première bouée en tête, juste devant Esculade. Sous spi, nous creusons l'écart avec nos poursuivants. Manque de chance, le vent tourne encore. Le bord de vent arrière devient un bord de près serré. Le comité de course décide à nouveau d'annuler cette manche. Nouveau coup dans l'eau et grosse déception à bord. On commence à se demander si le sort n'est pas contre nous.
A 16h, nouveau départ pour un côtier qui nous envoie de l'autre côté du lac. Pour que le championnat soit validé, il faut que nous ayons couru au moins 3 manches. On sent bien que l'organisation de la course nous a lancé sur un parcours "bidon" pour que cette 3ème manche soit courue. C'est un cauchemar. La régate se résume à des bords de près bon plein. Kaeru avec son petit génois manque de puissance et n'a aucune chance de rivaliser avec tous les autres voiliers équipés d'un génois beaucoup plus grand. Nous terminons 8ème de la manche. Esculade, 5ème, prend la tête du championnat. Mustang, 2ème, revient dans la course au titre. Nous sommes 2ème au général. A bord, l'équipage est silencieux et rage contre ces deux premières manches annulées alors que nous avions la course bien en mains à chaque fois.
Samedi soir, au restaurant, c'est l'heure d'un premier bilan. Notre seule chance de sauver notre titre est de gagner la manche du dimanche matin...en espérant qu'il y ait suffisament de vent pour courrir, ce qui est loin d'être évident. Sincèrement, je n'y croyais plus même si je me disais qu'on allait se battre jusqu'à la fin.
Un dimanche de rêve
Pour optimiser les chances de lancer une manche en profitant de la brise matinale, le comité de courses a décidé de lancer une manche à 9 heures du matin. A 8h15 le vent est là. Sur les 98 bateaux participants au championnat (toutes classes confondues), seuls 3 bateaux sont déjà sur l'eau pour tester les risées : Mustang, Esculade et nous. Autant dire nous sommes 3 équipages avec le couteau entre les dents bien conscients que le championnat va se jouer dans quelques instants.
Le départ est lancé à 9h précises. Notre départ est honnête mais c'est encore une fois Esculade qui part le premier du bon côté du plan d'eau en prenant la tête de la flotte. Au premier croisement, nous avons presque 100 mètres de retard sur le bateau d'Alain Chanet. Là, je dois remercier José et mon père qui n'ont pas fait un seul commentaire. Nous restons concentrés. Nous choisissons de repartir sur la droite du plan d'eau alors qu'Esculade part vers le milieu. Mustang distancé de la tête de la flotte suite à un mauvais bord aura beaucoup de mal à revenir. Après 20 minutes de course, au passage de la première bouée, nous n'avons plus que 20 mètres de retard sur Esculade. Nous sommes encore dans la partie. Nos deux bateaux, en tête de notre flotte, maintenant sous spi, rattrapent déjà les bateaux de la flotte précédente partis 6 minutes avant nous. C'est au passage de la deuxième bouée de dog leg que la course va se jouer. Esculade n'arrive pas à prendre l'intérieur et doit faire le tour des bateaux que nous rattrapons. Juste derrière, nous arrivons à plonger à l'intérieur, à empanner plus vite que les autres et à partir les premiers en direction de la bouée sous le vent. Grâce à cette manoeuvre parfaite, aussi bien tactiquement que techniquement, nous prenons la tête de la course. L'équipage d'Alain Chanet, derrière nous, est toujours gêné par les autres bateaux alors que nous avons du vent frais. C'est avec plus de 2 minutes d'avance que nous enroulons la bouée sous le vent. Le vent tombe complètement et ces conditions nous avantagent. Esculade ne reviendra plus et nous remportons cette dernière manche avec 18 minutes d'avance sur Esculade. Mustang revenu sur la tête de la course termine 3ème.
C'est une explosion de joie à bord de Kaeru. Cette victoire dans la 4ème manche nous permet d'éliminer notre manche de 8ème (à partir de 4 manches courues la plus mauvaise manche est retirée du décompte pour le classement général). Nous sommes à nouveau Champions de France un an après notre premier titre. C'est un grand soulagement et un immense bonheur.
Vous pourrez retrouver le classement ainsi que les photos du championnat sur le site de la SRVA.
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